Posted by: Daniel Kambou | June 21, 2010

Être disciple, mais de qui?

La foi à l’épreuve

D’aucuns témoignent que des chrétiens, et non des moindres, continuent de consulter des féticheurs ou des marabouts dans les moments difficiles de leur vie. Il semble même que certains leaders d’églises pactisent eux aussi avec des forces occultes afin d’être capables d’opérer des miracles et d’attirer des foules dans leurs assemblées. Nous devons nous méfier de telles accusations, car l’ennemi est capable de salir des chrétiens et des serviteurs de Dieu authentiques. Cependant, il n’en demeure pas moins que de manière générale, le danger de l’apostasie guette l’Église en Afrique. Ce n’est pas pour rien que le Seigneur lui-même dit : «quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?» (Luc 18 :7) L’inquiétude du Seigneur nous fait penser aux moments difficiles par lesquels la foi des chrétiens sera soumise. L’apôtre Paul écrit que ces temps pousseront certains à prostituer la foi (1Timothée 4 :1).

L’évangéliste Matthieu qualifie cette prostitution de la foi chrétienne «d’abomination de la désolation établie dans le lieu saint» (24 :15), et Marc parle de «l’abomination de la désolation là où elle ne doit pas être» (13 :14). Ces avertissements interpellent à la vigilance et non à un esprit de condamnation. Si l’Église est appelée à dénoncer sans complaisance le mal sous toutes ses formes, c’est dans l’ultime but de créer un cadre saint caractérisé par l’amour pour accueillir et éduquer ceux qui,  dominés par le mal, s’en repentent sincèrement grâce à la puissance du Christ ressuscité et au témoignage qui lui est rendu. En d’autres termes cette situation pousse à revoir nos stratégies de formation du chrétien. L’impératif missionnaire de Matthieu 28 :18-20 ordonne la formation de disciples, toutefois, quels genres de disciples formons-nous aujourd’hui?  De qui sommes-nous disciples? Nous allons proposer quelques idées pour ouvrir les partages.

Apprenons du Seigneur sa stratégie de faire des disciples

L’évangéliste Matthieu met en évidence une démarche que le Seigneur Jésus lui-même a suivie pour la formation des disciples. Sept éléments importants se dégagent de l’étude de ce livre et constituent des pistes pour la formation. Il montre :

1) le choix des disciples (Matthieu 4 : 19-22 ; 10 : 1-4)

2) la formation par la transmission des savoirs (Matthieu 5-7 ; 10 ; 13 ; 18 ; 24-25);

3) la formation par la pratique : Stage missionnaire (Matthieu 10);

4) la formation par l’exemple (Matthieu 20 : 20-28);

5) la formation par le rituel (Matthieu 26 : 26-29);

6) la formation par la vie du Maître à travers :

  • le rite initiatique (Matthieu 3 :13-17 ; 4 : 1-11);
  • la vie de prière (Matthieu 14 : 23 ; 26 : 36, 39, 42, 44);
  • le ministère de la parole (Matthieu 5-7 ; 10 ; 13 ; 18 ; 24-25);
  • le ministère d’actions sociales par :
    • l’assistance en santé physique (Matthieu 8 : 1-15 ; 9 : 35);
    • l’assistance en santé mentale (Matthieu 8 : 16-17 ; 28-34);
    • l’assistance alimentaire (Matthieu 14 : 13-21 ; 15 : 32-39);
    • la défense des droits humains (Matthieu 19 :13-15 ; 26 : 7-13).
  • les rapports
    • avec les disciples (Matthieu 10 : 24 :25 ; 12 : 47-50 ; 28 :10)
    • avec les marginaux (Matthieu 9 : 9-13 ; 11 : 19)
    • avec le peuple (Matthieu 7 : 28 ; 9 : 36 ; 14 :14)
    • avec ses opposants (Matthieu 16 :1-4 ; 19 :1-9 ; 22-23)
  • la passion (Matthieu 26-27)

7) les dispositions pour le suivi (Matthieu 28 : 20)

La fin de ce livre souligne les traits caractéristiques de la mission des disciples. L’autorité et la présence du Christ ressuscité rassurent celui qu’il envoie en mission dont le point focal est la formation des disciples. Tout pasteur conscient de la vocation missionnaire de l’Église ne pourra s’empêcher de donner une place de choix à une telle démarche dans son programme.

Apprenons nous-mêmes à vivre comme disciple

Combien il est facile d’enseigner aux gens comment être un disciple! Mais sommes-nous prêts à apprendre à vivre comme disciple? Le Christ n’a pas envoyé ses disciples vers les nations à la légère. Il les a d’abord introduits dans une relation d’apprentissage. Aujourd’hui nous avons une croissance extraordinaire des églises en Afrique, mais à voir de prêt c’est une croissance en nombre mais moins en qualité. Plusieurs chrétiens sont plutôt des disciples de leurs pasteurs que ceux du Seigneur. Certains pasteurs ont consciemment ou inconsciemment usurpé la place du Maître, puisque les membres de leurs assemblées ne jurent que par eux. Quand des chrétiens s’absentent du culte parce que leur pasteur est en voyage, cela peut être révélateur de problèmes spirituels sérieux qu’il convient de régler.

Il existe en outre des pasteurs qui sont de véritables bourreaux des églises. Leur odeur de mort est plus forte que leur odeur de vie (2 Corinthiens 2 :16). Ils en perdent plus qu’ils n’en gagnent pour le Seigneur, ou ils gagnent beaucoup, mais les dispersent involontairement. Tout pasteur veut pourtant que l’église qui est sous sa responsabilité croisse et fasse avancer le Royaume par l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut. Répandre donc la vie est l’un des objectifs du pasteur et de tout chrétien authentique. Mais, comment faire pour semer plus de vie que de mort dans notre ministère?

L’inscription pour toute formation est généralement soumise à la satisfaction de certains critères, notamment les conditions à remplir au préalable et des frais à payer. Ce sont des exigences qu’on ne peut ignorer. De même, pour être disciple de Jésus, il y a une démarche à suivre. Celle-ci ne constitue aucunement une litanie de règles, une liste de loi à observer. Loin d’être du légalisme, c’est plutôt «un processus sans fin, un apprentissage où il n’y a pas de diplôme, car le but est d’arriver à être parfait comme le Père céleste est parfait  (Matthieu 5 : 48)1 ». Cette démarche prend sa source en Dieu et suivie par l’homme de façon volontaire, constituant dans une certaine mesure les critères d’admissibilité.  Pour apprendre à l’école de Jésus il faut : l’appel et la réponse à cet appel. Ensuite suivent l’entraînement avec ses implications. Sans ces pas la formation des disciples et l’approfondissement de la vie de disciple s’avèrent difficiles.

La finalité de la formation des disciples

La finalité de cette formation n’est pas seulement l’accumulation d’une somme de doctrines ou de pratiques, mais c’est prioritairement la communication d’un état d’esprit, qui débouche sur une transformation progressive du caractère dont les fruits se concrétisent par des comportements et des actions à la seule gloire de Dieu le Père. Ainsi le disciple meurt en lui pour que se forme l’image du Fils, et cela est un processus sans fin. En effet, quand Jésus détermine «les frais d’inscription de son école», il nous montre un exemple très éclairant dans Luc 14:28-33. Il dit : « faites bien vos calculs avant de commencer de peur qu’il ne vous arrive le sort de cet homme qui se mit à construire une tour, et parce qu’il n’avait pas bien calculé ses dépenses, dut s’arrêter en chemin, devenant ainsi la risée de tous. » Si nous ne pouvons pas satisfaire ces critères d’inscription pour être admis dans le cercle des disciples, nous ne pourrons pas non plus faire face aux exigences d’approfondissement.

Nous nous laissons souvent influencer par ce que le monde présente comme modèle et nous ne nous rendons pas toujours compte des dangers que cela peut constituer pour notre vie. C’est ainsi qu’une confusion règne entre le disciple de Jésus, le disciple d’un leader d’église, le fanatique et l’adepte de dénomination. Être un disciple c’est être un apprenant qui n’a jamais fini d’apprendre et dont le but est de reproduire ce qu’il a vu et appris chez son maître. La mission de l’Église aujourd’hui est moins de faire des membres d’Églises que former des disciples. Cela est au cœur de l’impératif missionnaire (Matthieu 28 :18-20). Les efforts humains ne parviendront jamais à réaliser un tel programme; sans le concours de Dieu, toute tentative serait vaine. C’est pourquoi Dieu prend l’initiative en introduisant le disciple dans un réseau de relation. (à suivre)

Daniel Kambou


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